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Vie du sol

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La vie du sol est un « monde secret et méconnu », nous connaissons tous les vers de terre et les taupes mais une multitude de micro-organismes et d'insectes grouillent sous nos pieds. Ces organismes du sol sont nécessaires à la dégradation de la matière organique que ce soit en forêt ou dans nos cultures. Ils participent activement au cycle du carbone mais pas seulement, on les retrouve dans les cycles du soufre, du fer et de l'azote. Sans eux, pas de cycle biologique et tout un écosystème se meurt.

Les organismes du sol sont divisés en deux groupes : la faune du sol, la pédofaune, englobant tous les animaux et la flore du sol, la pédoflore, comprenant les bactéries, algues et champignons. La détermination des organismes, la connaissance de leur rôles dans le sol sont l'aboutissement d'années de patientes recherches toujours en cours. Nous savons encore peu de choses sur leur mode de vie et les interactions avec les plantes.

La pédoflore

L'étude de la pédoflore se fait essentiellement au microscope car il s'agit de micro-organismes non visibles à l’œil nu. Néanmoins, leur présence peut être perçue en forêt ou en sol agricole, je vais vous en citer quelques exemples. Pour les bactéries, l'exemple le plus connu est leur symbiose avec les racines de certaines plantes, et notamment avec les légumineuses. Ces bactéries, les bacilles, sont capables de fixer l'azote atmosphérique et de le rendre assimilable par la plante. Cette symbiose est visible sur la plante par de petites nodosités agglomérées sur les racines. Et pour les champignons du sol, on les détecte par la présence de mycéliums, sorte de « moisissures » que l'on retrouve sur le bois mort et sur les feuilles mortes tombées au sol sous forêt. La truffe reste le champignon du sol le plus apprécié résultant d'une symbiose avec le chêne.

 

A titre d'exemple, dans une prairie permanente en zone tempérée, la faune du sol représente jusqu'à 260 millions d'individus par m², soit 1,5T/ha, l'équivalent de 50 moutons.

De plus en plus de laboratoire, propose, l'analyse des micro-organismes du sol afin de mesurer leur abondance et leur diversité. Ces mesures, encore peu réalisées en France, se développe avec le besoin des agriculteurs de connaître l'état du sol et l'impact des pratiques culturales, surtout en agriculture biologique où la vie du sol reste une priorité agronomique.

La pédofaune 

Une multitude de petits organismes peuplent nos sols, la faune du sol est généralement une partie très méconnue, et pourtant elle joue un rôle majeur dans les écosystèmes terrestres. On dit qu'il faut des vers de terre pour aérer le sol mais pas seulement, d'autres animaux sont nécessaire pour garder un sol fertile.

On peut distinguer 4 groupes en fonction de leur taille :

•    les organismes inférieurs à 0,2mm qui constitue la microfaune, des nématodes aux tardigrades, ces minuscules organismes vivent dans l'eau interstitielle du sol à raison de millions d'individus par m². En cas de forte sécheresse, certains constituent un kyste et d'autres ralentissent leur métabolisme en attendant que les conditions d'humidité reviennent à la normale.

•    Puis la mésofaune qui regroupe les micro-arthropodes allant jusqu'à 4mm, des milliers d'individus par m² de terre peuplent nos sols agricoles et forestiers. Acariens et collemboles mangent les débris végétaux, on peut voir leur travail en ramassant une feuille dans la litière d'une forêt, il ne reste plus que les nervures qui forment une sorte de « dentelle ».

•    Ensuite vient la macrofaune qui regroupe les animaux tels que les vers de terre, les cloportes, les larves d'insectes et les limaces. Un bon nombre d'insecte a un stade larvaire dans le sol, c'est pourquoi il est important de maintenir un sol vivant pour toute une chaîne alimentaire. Ces ingénieurs du sol participent au bon état des sols.

•    Et pour finir, la mégafaune qui réunit les plus gros animaux, ils utilisent le sol comme abri ou comme habitat, on pense à la taupe bien connue des jardiniers et agriculteurs.

 

Les organismes de la microfaune étant tellement petits, un microscope est nécessaire. Pour les insectes, acariens et collemboles on les prélève dans un champs 500g de terre, et à l'aide du microscope on trie les individus ce qui nous donne une idée de l'état du sol. Il est important de connaître leur nombre mais également leur diversité, on parle alors de biodiversité du sol. Certains sont herbivores, d'autres des prédateurs. Tout un écosystème est régulé par lui-même, dès lors qu'un maillon de la chaîne est manquant, on assiste à des ravages dans les cultures. C'est le cas des pucerons qui prolifèrent en l'absence de leurs prédatrices, les larves de coccinelles.

Zoom sur... Le ver de terre

Indispensable à la fertilité du sol, les vers de terre sont de vrais indicateurs biologiques de la qualité des sols. Naturellement ils ingèrent, brassent et décomposent les matières organiques et minérales. De ce fait, ils agissent sur les propriétés du sol. Les vers de terre avec leurs galeries et leurs activités, structure le sol et forment des agrégats ce qui favorise la rétention de l’eau et augmente la porosité.

En France il existe 150 d’espèces différentes de vers de terre. Les trois familles principales sont :
-    les épigés qui se déplacent essentiellement à la surface et ne creusent que peu de galeries,
-    les endogés qui creusent des galeries horizontales et ne remontent que rarement à la surface,
-    les anéciques, les plus gros, qui vivent tout le long du profil (jusqu’à 1m de profondeur) et rejettent leurs déjections à la surfaces appelées turricules, qui sont sont des engrais naturels. Ils concentrent des éléments nutritifs indispensables aux plantes. Une fois passée dans l’intestin du vers de terre, le sol est 7 fois plus riche en phosphore et a un pH de 7.

Un guide sur le vers de terre, réalisé par la Chambre d 'Agriculture de Nouvelle-Aquitaine est disponible en téléchargement.


Dans une prairie permanente en Limousin, la faune du sol représente jusqu’à 260 millions d’individus par m² (bactéries, champignons, insectes du sol et vers de terre), soit 1,5 tonnes /ha, l’équivalent du poids de 50 moutons. Dans ces conditions, l’abondance moyenne de vers de terre est de 200 individus/m².
Leur présence varie selon les milieux. Ainsi on peut trouver 10 individus/m² dans une forêt d’épicéas tempérée et jusqu'à 500 individus/m² dans un pâturage. L’acidité du sol, la texture, le couvert végétal et les conditions climatiques influence fortement leur abondance.

Pour dénombrer les vers de terre, il existe trois méthodes de prélèvement :

-    Le protocole de prélèvement simplifié à la moutarde créé par l’OPVT (l’Observatoire Participatif des Vers de Terre) est largement utilisé en domaine agricole pour quantifier les vers de terre. Ce protocole prévoit d’échantillonner sur trois placettes d’1m² des vers de terre pendant 30 minutes après avoir arroser d’un mélange d’eau et de moutarde forte. Les vers remontent ainsi à la surface et sont collectés puis identifiés directement sur le terrain avant d’être rincés et relâchés. Les conditions idéales sont au printemps et à l’automne, le matin quand les températures sont au moins de 10°C sous un temps couvert.
-    Le protocole complet au formol, identique à celui de la moutarde, est utilisé uniquement par les scientifiques et chercheurs.
-    Le « test à la bêche » est pratiqué en complément pour récupérer les petits individus et recueillir tous les vers car avec la moutarde, certaines espèces ne remontent pas à la surface. L’idée est de prendre un cube de terre est de trier manuellement les vers.
 

L’activité biologique des sols est sensible aux pratiques agricoles.

Toutefois il est possible de maintenir une bonne vie biologique en raisonnant l’ensemble des pratiques agronomiques :

-    Privilégier les fertilisations organiques avec des apports en fumiers et lisiers réguliers, mais ne pas tomber dans l’excès,
-    Privilégier le travail du sol en semi direct ou en travail simplifié pour préserver les galeries,
-    Garder un couvert végétal toute l’année,
-    Et apporter un amendement calcaire cru régulièrement pour maintenir vos pH entre 5.5 et 6.5.
A l’inverse certaines pratiques ont des effets négatifs sur la quantité de vers de terre et leur diversité telles que la pression de pâturage, le tassement du sol et l’apport de produits phytosanitaires.
Les milieux agricoles où l’on dénombre le plus de vers de terre au m² sont les prairies. La quantité n’est pas le seul élément à regarder, la diversité d’espèces est aussi importante car chacune joue un rôle majeur pour la qualité du sol.
 

Contact

Conseiller Agronomie

 

Christophe LAVILLE
Tél 05 19 37 00 31
christophe.laville@remove-this.creuse.chambagri.fr